L’Académie de l’OMS est chargée de doter les personnels de santé et d’aide à la personne, les responsables politiques et le personnel de l’OMS, des savoir-faire et des compétences nécessaires pour agir efficacement en faveur de la santé pour tous. Son directeur exécutif revient sur les objectifs, missions et premières réalisations de l’institution.
Par Juliette Badina
Vous avez travaillé 31 ans à l’Unesco. Comment votre expérience et votre compréhension des systèmes éducatifs et des politiques de formation continue soutiennent-elles l’offre de formation portée par l’Académie de l’OMS ?
Mon expérience à l’Unesco m’a permis de comprendre l’importance de l’éducation tout au long de la vie, en particulier dans le secteur de la santé où les évolutions thérapeutiques et technologiques sont rapides et où les ressources humaines et les compétences sont essentielles pour la société. L’Académie vise à offrir une formation continue de haute qualité, en utilisant les technologies modernes pour actualiser les connaissances des professionnels de santé. Nous nous concentrons sur les objectifs de développement durable, notamment l’ODD 4 qui concerne l’éducation de qualité, depuis le plus jeune âge jusqu’à la formation professionnelle continue. Si l’OMS possède de riches connaissances et des compétences pointues, et est reconnue pour ses lignes directrices et ses normes, nous ne disposions jusque-là d’aucun dispositif institutionnel de formation pour les partager, empêchant souvent de les transposer en actions de terrain. L’offre sera au service des Etats membres, mais aussi en soutien des priorités de l’OMS.
Quels sont les principaux défis auxquels l’Académie est confrontée dans la mise en oeuvre de ses programmes de formation à l’échelle mondiale ?
L’un des principaux défis est l’accès et la connectivité, surtout dans les régions éloignées. Nous avons développé des solutions pour permettre le téléchargement et l’accès hors ligne aux contenus de formation. De plus, nos plateformes et contenus sont compatibles avec les mobiles et tablettes pour maximiser l’accessibilité. Nous utilisons également des technologies émergentes comme l’intelligence artificielle et la simulation pour améliorer l’efficacité et l’accessibilité de nos programmes.
Comment ces technologies émergentes améliorent les programmes de formation ?
Nous avons investi dans des équipements de pointe, financés par l’OMS et ses partenaires, pour créer des plateaux de simulation et des programmes de formation innovants pour faire face aux situations sanitaires exceptionnelles. Par exemple, nous avons un programme sur la gestion des afflux massifs de victimes, qui a déjà formé plusieurs centaines de personnes. Ces formations utilisent des simulations réalistes pour préparer les professionnels de santé à des situations d’urgence. De plus, nous intégrons des technologies immersives comme la réalité augmentée et virtuelle, ainsi que la gamification dans certains de nos cours pour rendre l’apprentissage plus engageant et efficace.
Quels investissements ont été nécessaires pour lancer l’Académie et quel est le retour sur investissement attendu ?
La France a investi 120 millions d’euros pour la construction du bâtiment à Lyon, combinant les efforts de la région Auvergne-Rhône-Alpes, de la Métropole de Lyon, de la Ville de Lyon et du gouvernement français. L’Académie bénéficiera également de financements pluriels, incluant des contributions volontaires, ainsi que du mécénat du secteur privé via l’Institut de France. L’objectif est de former trois millions de soignants à l’échelle mondiale d’ici à 2028, notamment via notre plateforme d’apprentissage en ligne, pour répondre aux pénuries de main-d’oeuvre prévues d’ici 2030. Nous espérons que cet investissement permettra de renforcer les capacités des systèmes de santé mondiaux et d’améliorer les soins de santé à travers le monde. Certaines équipes formées ont d’ores et déjà été amenées à modifier leur plan d’urgence dans les hôpitaux de leurs pays avec un effet structurel sur l’amélioration des protocoles. Dans le domaine des soins d’urgence déployés sur les hôpitaux en Tanzanie et au Rwanda par exemple, les pratiques de réanimation simulées réalisées sur mannequins ont par ailleurs eu un impact significatif sur la baisse de la mortalité.
Comment s’articule le programme de formation de l’Académie avec ceux déjà existants au sein de l’OMS et ceux d’autres institutions ?
Nous collaborons étroitement avec d’autres institutions pour développer et diffuser nos formations. Par exemple, nous avons des partenariats avec des universités et des centres de recherche pour coproduire des cours, suivant un cahier des charges bien défini et comprenant 18 critères selon trois niveaux d’exigence, et créer des parcours d’apprentissage intégrés. L’Académie sera l’épicentre d’un écosystème incluant de nombreux partenaires. Cette approche nous permet de maximiser l’impact de nos programmes et de constituer un véritable écosystème d’apprentissage. Actuellement, nous avons plus de 170 cours en ligne, accessibles gratuitement et en plusieurs langues, avec un engagement fort pour en développer 50 à 70 nouveaux chaque année.
Juliette Badina - Pharmaceuriques 325 - Mars 2025
Pour en savoir plus sur l'Académie de l'OMS, lire l'article de PHARMACEUTIQUES : « LA FORMATION, UN ENJEU DE SANTÉ PUBLIQUE »
Source de l'interview : Magazine mensuel PHARMACEUTIQUES n°325.
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